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La belle Escalade (la fête de l'Escalade à Genève, en version épique)

Dernière mise à jour : 3 févr.


Genève en 1602

L'Escalade, ce moment charnière dans l'histoire de Genève, tient une place particulière dans le cœur de chaque citoyen. Elle évoque une époque révolue, où le courage et la détermination ont forgé le destin d'une cité en émergence.


Le paysage politique de l'Europe en 1602 était un tableau complexe de rivalités et d'affrontements, la réforme protestante ayant créé une scission profonde entre les forces du catholicisme et celles de la nouvelle foi. Genève, la fière cité réformée, était devenue un bastion de résistance face à l'avancée du catholicisme, représenté avec vigueur par le Duc de Savoie (source de l'image: Wikipedia). La tension entre ces deux puissances était montée en crescendo, menaçant d'éclater en un conflit ouvert.


(Roulement de tambour, début du récit.)


Alors que l'hiver enveloppait la région dans son manteau glacial, la menace d'une attaque contre Genève par le Duc de Savoie se précisait. Sous le voile de la nuit du 11 au 12 décembre ,à deux heures du matin, une force de troupes savoyardes, vêtues d'armures sombres, s'approcha silencieusement des murs robustes de Genève. Munis d'échelles, ils étaient résolus à vaincre les remparts de la cité pour soumettre Genève à leur volonté. (Musique d'ambiance angoissante.)


Le duc de Savoie

Mais le destin, ce tisseur subtil de l'histoire, avait prévu un autre scénario.


Le silence de la nuit était profond (plus de musique, silence complet), seulement percé par le crépitement sporadique des flammes des torches sur les remparts. Isaac Mercier, une sentinelle vigilante, patrouillait cette nuit-là. Alors que les ombres se mouvaient à la lueur de la lune, son œil aiguisé perçut le danger imminent. Avec un mélange de crainte et de résolution, il sonna l'alarme, déchirant le voile de silence.


Les cloches de la cité carillonnèrent, les tambours résonnèrent, le sommeil de Genève fut brusquement interrompu. Les hommes et les femmes, jeunes et vieux, se ruèrent pour défendre leur liberté. Les rues étroites résonnèrent du bruit des armures et des armes tirées des arsenaux. Les prières ferventes montèrent au ciel, implorant la protection divine.


La bataille qui s'ensuivit fut acharnée. Chaque coin de rue, chaque muraille, chaque porte devint un champ de bataille miniature. Le fer rencontrait le fer, les flèches sifflaient dans l'air glacial de la nuit et le cri des combattants se mêlait aux lamentations des blessés (tintement d'épées, cris rauques et aigus, râles des blessés et soupirs des mourants).


Et au milieu de ce tumulte, une figure se détacha, gravée pour toujours dans le folklore genevois : la Mère Royaume. (Catherine Royaume, née Cheynel ou Cheynet ou encore Cheyney, dite la mère Royaume ou Dame Royaume, née vers 1542 à Lyon et morte entre 1603 et 1605 à Genève.)


Cette femme d'âge mûr, avec une bravoure inégalée, versa une marmite de soupe brûlante sur la tête des soldats qui tentaient d'escalader le mur de sa maison. Cette scène, à la fois comique et héroïque, symbolise l'ingéniosité et la détermination des Genevois. (Mais pas leur grande bouche.)


La mère Royaume qui renverse sa marmite

La marmite renversée devint le symbole éternel de la résistance genevoise.


Alors que l’aube se levait sur Genève, le paysage révélait une cité qui avait repoussé vaillamment l’envahisseur. Les drapeaux flottaient fièrement au vent.


Depuis ce jour mémorable, chaque année, avec une affection renouvelée, Genève commémore cette victoire par une célébration vibrante. Les rues s’illuminent, les enfants parcourent la ville avec des lanternes, les chants de l’Escalade résonnent dans le cœur de chaque Genevois et la marmite en chocolat est brisée en souvenir de cette nuit décisive. La coutume veut que le plus jeune et le plus vieux de l’assemblée joignent leurs mains pour porter le coup fatal au chocolat, au cri puissant de :


« Ainsi périssent les ennemis de la République ! »

(Bobo les doigts.)


À l’intérieur se nichent des légumes de massepain, des pâtes de fruits, des chocolats et des bonbons accompagnés de pétards.


Marmite de l'Escalade en chocolat Genève
Marmite en chocolat de chez Arn

L'Escalade n'est pas seulement un événement historique, c'est une flamme qui brille dans le cœur des Genevois, un rappel de la bravoure et de la résilience qui ont défini le caractère unique de cette cité. Et à travers les festivités, les récits et les chansons, le souvenir de cette nuit remarquable continue de vivre, inspirant la fierté et l'unité parmi les générations de Genevois.



CHANSONS / CHANTS de l'Escalade :


Cé qu’é lainô

Composé peu avant le 18 décembre 1602 par plusieurs auteurs (vraisemblablement des étudiants) après l’attaque du duc de Savoie contre la ville, il est rédigé en arpitan genevois (patois franco-provençal, parlé dans le Duché de Savoie et les régions limitrophes). Son titre signifie « Celui qui est là-haut ». Les strophes 1, 2, 4 et 68 de cette chanson populaire sont devenues l’hymne de la République et Canton de Genève.


Cé qu’è lainô, le Maitre dé bataille,

Que se moqué et se ri dé canaille,

A bin fai vi, pè on desande nai,

Qu’il étivé Patron dé Genevoi.


I son vegnu le doze de dessanbro,

Pè onna nai asse naire que d’ancro ;

Y étivé l’an mil si san et dou,

Qu’i veniron parla ou pou troi tou.


Dedian sa man il y tin la victoire,

A lui solet en démure la gloire.

A to zamai son Sain Non sai begni !

Amen, amen, ainsi, ainsi soit-y !



AH ! LA BELLE ESCALADE


Allons Citoyens de grand cœur (bis)

Réveillons ici notre ardeur (bis)

Pour chanter les exploits

Des vaillants Genevois,

Du temps de l’Escalade, Savoyards, Savoyards

Du temps de l’Escalade, Savoyards, gare, gare.


Ce fut l’an mil six cent et deux, (bis)

Qu’on vit ces Savoyards furieux, (bis)

Dans l’ombre de la nuit,

Violer notre réduit

Ah ! la belle Escalade Savoyards, Savoyards,

Ah ! la belle Escalade, Savoyards', gare, gare !


L’alarme enfin se répandit, (bis)

Chacun d’un saut quitta son lit (bis)

Et lorsqu’ils combattaient,

Sans culottes ils étaient,

Ah ! la belle Escalade, Savoyards, Savoyards,

Ah ! la belle Escalade, Savoyards, gare, gare !


Une vieille au poing vigoureux, (bis)

Pris sa marmite sur le feu

Et sans attendre plus tard,

Coiffa un Savoyard,

Ah ! la belle Escalade, Savoyards, Savoyards,

Ah ! la belle Escalade, Savoyards, Gare, gare !


Nous qui chantons d’un cœur joyeux, (bis)

La gloire de nos chers aïeux, (bis)

Cherchons à notre tour,

D’imiter leur amour,

Ah ! la belle Escalade, Genevois, Genevois

Ah ! la belle Escalade, Genevois, cette fois



Vive la fête de l'Escalade à Genève !

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