La blogosphère s’est enflammée après deux articles postés par des auteurs. Le premier critiquait les chroniques négatives, le second incitait à ne chroniquer que les livres appréciés.
Je ne m’étendrai pas dessus, leurs auteurs ayant certainement eu d’excellentes raisons personnelles de les écrire.
Par contre, j’ai envie de réagir à mon tour, car le sujet m’intéresse.
Une bonne chronique (selon moi) qu’est-ce que c’est ?
1) Une chronique qui aborde différents aspects
J'aime les chroniques qui s'intéressent non seulement au fond, mais aussi à la forme.
Il est évident que certains éléments relèveront de l'objectif (orthographe, incohérences du scénario), d'autres du subjectif (j'ai apprécié ce personnage parce que...). Entre les deux, c'est la zone grise (plus ou moins objectif/subjectif).
Pour la forme, on peut évoquer la langue (orthographe/grammaire), les répétitions, la variation des structures syntaxiques. Cela forme pour moi la partie plutôt objective. Elle est aussi plus technique.
Quant au style, on peut se poser, par exemple, les questions suivantes : L’auteur utilise-t-il des phrases courtes ou longues ? Varie-t-il les figures de style ? Évite-t-il les clichés ? Choisit-il un vocabulaire précis ?
Pour le fond, on peut s’intéresser à différents éléments comme :
- maîtrise des dialogues
- traitement des personnages (cohérence et consistance, évolution)
- qualité du scénario (incohérences, équilibre, tension narrative)
2) Une chronique qui argumente/explique/développe
Dire qu’on a détesté/adoré un livre sans expliquer pourquoi est frustrant pour les lecteurs de la chronique autant que pour l’auteur du roman.
J’apprécie les chroniqueurs qui prennent le temps d’expliquer pourquoi ils n’ont pas accroché (ou ont particulièrement aimé certains éléments).
Il est évident que mon petit cœur d’auteur préfère les « j’ai aimé parce que... » aux « je n’ai pas accroché parce que… ». Mais au final, c’est cette seconde catégorie de chroniques qui m’est le plus utile.
3) Une chronique qui ne s’intéresse qu'au texte, et qui nuance son propos
Parce qu'en fait, l'auteur, on s'en fiche un peu. Il a écrit le texte, l'a livré aux lecteurs et puis voilà. Le texte vole de ses propres ailes (ou se crashe, parfois).
J’ai déjà lu (rarement, toutefois) des chroniques qui visent à « casser de l’auteur ». Elles me laissent toujours perplexe quant au but poursuivi par leur rédacteur. Heureusement, elles ne représentent qu'une infime minorité des chroniques. Les réactions qu'elles suscitent, en revanche, méritent de s'asseoir avec un bol de pop corn à la main.
J’en ai aussi lu qui ne relevaient que les points négatifs d’un livre, alors que, forcément, il doit bien y avoir quelque chose de bien à en dire, non ? Sinon il n’aurait pas été publié… (Pareil. Il y en a peu. Le chroniqueur cherche généralement à trouver des points positifs.)
Bref, le chroniqueur a le droit de dire qu'il n’a pas aimé, voire détesté. Il a aussi le devoir de ne pas se montrer blessant ou dénigrant. Et l'auteur à le droit de se vexer et le devoir de ne pas incendier le chroniqueur. Parce qu'il est vrai que certains auteurs sont particulièrement susceptibles… et que la blogosphère peut s'enflammer pour un rien. (Je crois que je ne le suis pas trop, ça doit être la sagesse de l’âge.)
4) Une chronique qui ne dévoile pas les péripéties de l’intrigue
Rien de plus agaçant que de se retrouver avec des spoilers. Les fans de GoT me comprendront.
Alors pitié, indiquez qu'il y a des spoilers...
Faut-il répondre aux chroniques ?
Question très personnelle. Quand on me l'adresse, je remercie toujours pour une chronique et la publie sur ma page (FB ou Twitter), qu’elle soit bonne ou mauvaise. C’est ma façon de remercier la personne qui a pris le temps de lire mon texte et de rédiger un avis.
Si la chronique est mauvaise, je laisse généralement un commentaire disant que je suis navrée que mon univers n’ait pas convenu au lecteur. Après tout, en tant que lectrice, j’ai abandonné plus d’un livre en me disant « pas pour moi ». Un chroniqueur est censé aller jusqu’au bout du SP, le pauvre…
Je ne réponds jamais au chroniqueur en disant qu’il n’a pas compris ou qu’il est passé à côté de mon génie. Bis repetitas : il a le droit de ne pas aimer. (Ou de ne pas comprendre mon génie génial…)
En revanche, quand l’un d’eux soulève un point intéressant, j’aime bien discuter. (Et pas « me disputer. »)
La pire critique qu’on m’ait faite :
Un lecteur a « eu le sentiment d’un roman écrit avec les pieds » (propos ensuite très nuancé jusqu'à dire qu'il a passé un bon moment de lecture)
Au début, j’ai trouvé cela assez blessant.
Ensuite, ben… je me suis mise devant mon clavier et j’ai essayé d’écrire avec les orteils.
Et je me suis finalement dit que ça devait être un compliment : il faut une sacrée souplesse (dont je suis totalement dépourvue) pour écrire avec ses pieds.
La plus honnête :
Une blogueuse a entamé le 2e épisode de "Par le sang" et m'a contactée pour me dire que si elle avait accroché au 1er (plutôt récit initiatique en huis clos), le second n'était pas pour elle, car elle n'apprécie pas la Fantasy (et là, on entre en plein dedans). Elle a donc préféré arrêter sa lecture plutôt que de publier un avis qui ne rendrait pas justice au texte.
Les remarques qui m’ont servi : (je ne citerai pas leurs auteurs, qui se reconnaîtront peut-être)
- utiliser un vocabulaire parfois trop compliqué (j’essaie de simplifier, mais j’aime les nuances)
- faire des phrases trop longues (je me soigne)
- que les noms de mes personnages se ressemblaient trop dans « Par le sang » (du coup, j’ai pu rectifier le tir)
- que « Par le sang » était très bien et qu’il ne fallait pas que le récit tombe dans le manichéisme (résultat, un scénario totalement modifié, parce qu’en effet, ça allait finir avec des personnages trop stéréotypés)
Il y en a certainement des dizaines d’autres, et je ne peux que remercier tous ceux qui émettent des critiques constructives, car même si elles piquent, elles représentent des pistes non négligeables d’amélioration.
Merci à tous ceux qui ont lu ce billet jusqu’au bout,
Et à tous ceux qui ont lu un de mes textes (avec ou sans chronique).
Bizettes,
Florence
PS : Bon… attention, hein… je ne tiens pas compte de TOUTES les remarques… surtout quand elles sont contradictoires (l’auteur aurait dû plus développer / cette partie est trop longue).