Autoédition...
Mon expérience
Sommaire :
Malgré mon scepticisme quant à l'autoédition, voilà que je me lance.
Ai-je trop bu ? Suis-je tombée sur la tête ? Que nenni...
1) Mais dans quoi t'embarques-tu, ma pauvre ?
Dans une aventure née d'une situation très particulière...
Si vous êtes tout ouïe, voici le récit de mes mésaventures.
"La Belle et le solitaire" est né du premier Appel à Textes des éditions Nana (et vous connaissez mon amour pour les AT !) :
Premier appel à textes de NANA Éditions pour une publication numérique et papier.
Genre : romance contemporaine & Conte de fée moderne
Thème : Blanche Neige, Cendrillon, la Belle au bois dormant...
Des princesses qui ont bercé nos rêves, mais aujourd'hui, où sont-elles, qui sont-elles, que font-elles ? À votre plume de le découvrir.
Ce que nous attendons : Une histoire d'amour avec une pincée de magie moderne pour être digne des meilleurs contes de fée, mais version 2015 ! Surprenez-nous !
Consignes : Mini romans de 60 000 à 130 000 signes maximum
Basé sur "La Belle et la Bête", mon mini-roman centré sur Bella, cambrioleuse chargée de voler un Oeuf de Fabergé, a séduit le comité de lecture.
Fin 2015 : corrections éditoriales achevées, parution prévue début 2016.
Janvier, février... rien...
Fin février 2016 : lettre indiquant la cession d'activités et la restitution de mes droits.
(Je le regrette beaucoup, car j'ai vraiment apprécié le contact avec l'équipe éditoriale et Sabine, la correctrice.)
Je me suis donc retrouvée avec un texte prêt pour la publication et plus de maison... ni d'énergie pour le soumettre à d'autres éditeurs.
Du coup, je me suis dit que je pouvais tenter l'aventure de l'auto-édition...
2) Par quoi commencer ?
J'ai fait une vague liste de ce à quoi il me fallait penser :
1 - créer l'ebook
2 - créer le livre papier
3 - fabriquer la couverture
4 - préparer la sortie
Pas grand-chose, n'est-ce pas ? (Tout est si simple sous forme de liste...)
Ensuite, je me suis lancée.
3) C'était si simple, sur le papier...
Selon ma liste, je dois créer l'ebook.
Facile, j'ai un fichier Word, je le passe dans Calibre et je convertis.
Sauf que... il faut ajouter quelques petits détails :
- page de titre
- mention légale relative à la loi sur la propriété intellectuelle
- sommaire avec des liens qui pointent vers les chapitres, remerciements, etc.
- tout ce qui va après le texte (remerciements, auteur, autres publications...)
- copyright
Et choisir une police agréable à l'oeil. Ça n'a pas vraiment d'importance pour l'ebook, étant donné qu'on peut changer tous les réglages sur les liseuses, mais c'est indispensable pour la version papier.
Après avoir fouiné sur divers blogs consacrés au sujet, j'ai choisi "Georgia", taille 12, interligne 1.15.
(Mise à jour : la taille 12 est finalement trop grande, j'ai donc modifié en taille 11.)
Selon mes recherches, Times et Arial sont à fuir, car trop utilisées et moins agréables à la lecture. De même, l'interligne 1.5 est à éviter, car s'il est demandé pour l'envoi des manuscrits, il est affreux dans un livre papier (testé et désapprouvé).
Ce fichier pour ebook me servirait aussi de base pour le livre papier.
Quelques (longues, très longues) heures plus tard, c'était terminé. J'avais un fichier epub, mais pas de couverture...
Alors sautons au point 3 : la couverture, puisque j'en aurai aussi besoin pour le format papier.
Je ne suis pas graphiste et je dessine comme un pied.
Alors je me promène (longtemps, très longtemps, très très très longtemps) sur des sites qui proposent des couvertures "premade", soit prêtes à l'emploi et fabriquées par des artistes confirmés (ou pas, au vu des horreurs que j'ai croisées).
Et je ne trouve rien qui corresponde vraiment à mon texte.
Sur Facebook, j'en discute avec une auteur qui se reconnaîtra sans doute et qui me conseille de m'adresser à Virginie Wernert (cliquez ici...).
(Digression : si vous avez besoin d'une couverture, contactez-la. Elle est réactive, patiente et super compréhensive envers les néophytes paumées comme moi...)
Allez, c'est parti !
Je contacte Virginie, qui me demande de chercher des images qui me plaisent sur des banques d'images en ligne libres de droit.
C'est reparti pour des heures d'errance au travers de milliers d'images.
Il y a bien un moteur de recherche, mais, comment dire... (Testez un jour et vous verrez que ça fonctionne plus ou moins bien. Surtout moins que plus, en fait.)
Je déniche (enfin !) quelques photos à mon goût et qui me semblent correspondre au texte.
Je sais ce que j'aimerais : une image simple, sans fioritures.
Virginie réalise deux propositions, que je soumets à mon alpha-lectrice préférée.
L'une est rejetée d'emblée car "trop érotique" (plus un autre commentaire que je tairai ici pour ne pas heurter vos chastes oreilles). Bref, erreur de casting sur mon choix d'image (par contre, la réalisation de Virginie me plaît beaucoup, à conserver pour un autre texte...)
La seconde me plaît (et convaincs aussi mon alpha).
C'est vraiment parti, là...
(PS : Virginie, encore merci de votre patience...)
Une trentaine de courriels plus tard (au bas mot !), mes couvertures ebook et papier, et mes marque-pages sont prêts.
Victoire !
Maintenant, il faut préparer le fichier destiné au livre papier.
J'ai choisi Createspace parce que ça me paraissait plus simple. Et ça l'est, en effet, à condition de maîtriser l'anglais (ce qui est mon cas).
Je me suis basée sur un livre papier de ma bibliothèque et me suis lancée.
D'abord, il faut sélectionner la taille du livre (j'ai choisi 5" X 8", soit un peu plus petit que le modèle recommandé, étant donné que mon texte est court).
Puis la couverture (mate ou brillante), l'intérieur (couleur ou noir & blanc) et le papier (blanc ou crème).
Ce sera : couverture brillante, intérieur noir & blanc et papier crème.
Comme précisé plus haut, j'ai finalement opté pour la police "Georgia", taille 11, interligne 1.15.
Sur Createspace, on peut télécharger 2 types de "templates" (modèles/gabarit Word). L'un "formaté", l'autre "normal".
Ils sont vraiment très utiles, car ils permettent de ne pas s'embêter avec les marges (étant donné qu'elles doivent varier selon qu'on se trouve sur une page de droite ou de gauche). J'ai choisi le "normal", car j'avais une idée assez claire de l'intérieur du livre.
Les premières pages sont similaires (titre, mentions légales). Ensuite, ça se complique un peu.
Le chapitrage m'a demandé de l'attention (toujours commencer sur une page paire).
Et j'ai galéré (vogue, vogue la galère) avec les en-têtes et pieds de page, car je voulais une 1re page différente et des en-têtes différents : "La Belle et le Solitaire" sur la page de droite et "Jeu de masques" sur celle de gauche.
Ce qui s'est répercuté sur mes numéros de page. (Sans doute parce que j'ai fait une boulette à un moment donné...) Du coup, je les ai tous vérifiés et modifiés manuellement si nécessaire.
Ensuite, il faut vérifier chaque ligne du texte pour couper les mots de manière manuelle si nécessaire (fuir la césure automatique qui coupe n'importe comment et trop souvent). De même, s'assurer que les "veuves et les orphelines" ne créent pas une catastrophe, ou qu'il ne reste pas qu'une malheureuse phrase esseulée sur une page.
Bref, une poignée d'heures et quelques jurons plus tard, l'intérieur de mon livre était prêt. 80 pages au total, dont une soixantaine pour le mini-roman.
Mauvaise surprise cependant : impossible de noter quoi que ce soit sur le dos. Le nombre minimum de pages pour cela est en effet de 101.
Ce sera donc davantage un "livret" qu'un "livre".
Et la qualité reste à vérifier, car malgré l'utilisation du gabarit fourni par Createspace, l'illustration est plus petite que le gabarit final.
(Allez comprendre !)
Du coup, j'ai déjà validé le fichier, afin de pouvoir en commander pour moi et vérifier le rendu... car si je commandais une "preuve" via Createspace, celle-ci n'arrivait qu'à mi-avril... Vive les aléas...
(Mise à jour : le produit fini est de bonne qualité. Pas de souci avec le recadrage de l'image, le papier est assez épais et l'impression est bonne.)
Autre souci : le fisc américain. Ne disposant pas d'un numéron ITIN et ne souhaitant absolument pas effectuer les démarches y relatives, je serai donc taxée à la source sur mes bénéfices éventuels. Soit une impositition de 30%... mais j'ignore précisément si ce sera sur tout ou seulement sur les livres vendus sur Amazon.com. Affaire à suivre.
(Mise à jour : Kylie Ravera m'a informée que cela ne concernait que les ventes réalisées aux USA. Ouf.)
4) Le format numérique
Je me suis d'abord lancée dans ce que je trouvais le plus simple, et le plus important du point de vue de la visibilité, à savoir "Amazon Kindle".
Et en effet, les diverses manipulations pour arriver à proposer la Belle (disponible en cliquant ici...) ne m'ont pas posé de problème.
La seule chose à laquelle il faut vraiment faire attention est la conversion du fichier : souvent, les conversions automatiques des fichiers via les outils de publication introduisent des lignes blanches (!) entre les paragraphes, lignes qui, du point de vue éditorial, n'ont pas lieu d'être et gênent la lecture.
Du coup, j'ai converti mon fichier .docx en .pdf pour Amazon.
Pour les autres plateformes, j'ai converti mon .pdf en .epub en utilisant Calibre, puis téléchargé cet epub pour la parution, ce qui a supprimé le problème.
Ensuite, j'ai souhaité que la Belle soit disponible sur Kobo et iTunes, les deux autres plateformes les plus importantes.
Kobo ne m'a posé aucun souci, à part la conversion.
La Belle est ainsi disponible directement sur le site (cliquez ici...).
Et sur celui de la Fnac (cliquez ici...)
Pour iTunes, j'ai eu plus de soucis... je n'ai pas trouvé comment proposer le livre en précommande. Du coup, je verrai le 31 mars s'il apparaît tout seul sur le site.
(Mise à jour : aucun souci, la Belle est disponible sur toutes les boutiques iTunes, sauf la Chine. (cliquez ici...))
Le processus d'inscription est plus compliqué et nécessite (merci Apple !) de passer par un identifiant iTunes (par chance, j'en ai un).
La plateforme est beaucoup moins intuitive et le système d'introduction des coordonnées bancaires m'a fait transpirer. (Si je ne suis jamais payée, je saurai pourquoi !)
Enfin, pour la disponibilité sur les autres plateformes en ligne, je suis passée par Bookelis (cliquez ici...). Leur distribution "Premium" permet de sélectionner les plateformes sur lesquelles on souhaite ne pas être disponible (Amazon, Fnac et iTunes pour moi, étant donné que j'ai préféré la vente directe).
Cette présence diversifiée me permettra de visualiser les différents avantages et inconvénients.
5) Le prix
Je trouve extrêmement difficile de chiffrer son propre travail, quand on y a passé autant de temps.
Je croise énormément d'ebooks à 0.99 euros et je suis la première à les acheter (surtout dans le cadre de promotions, parce qu'en ce qui concerne les autoédités, ayant souvent été déçue par la qualité, je n'en achète presque jamais... le comble pour moi qui tente l'aventure).
Au final, 0.99 pour un livre qui dépasse les 40 pages, ça me paraît bien mal payé quand on connaît la somme de travail qu'il y a derrière.
Alors, je me suis basée sur les prix pratiqués par les éditions Láska, vu qu'ils me paraissent raisonnables.
Ainsi, "La Belle et le Solitaire, Jeu de masques" sera proposé au prix de 1.99 euros.
Quand on y pense, c'est moins cher que 2 litres de Coca.
Ça représente 6 cigarettes à peine, et c'est vraiment moins nocif, même en cas d'addiction...
6) Préparer la sortie
J'ai commencé par prendre contact avec quelques blogueuses qui m'ont déjà chroniquée et qui ont pour la plupart accepté de me lire, ensuite, j'ai fait un "appel à chroniques". Ces chroniques (qu'elles soient positives ou négatives, tant qu'elles sont constructives) seront répertoriées sur la page du livre (cliquez ici).
J'ai aussi introduit "La Belle et le Solitaire, Jeu de masques" sur Booknode (cliquez ici...), sur Babelio (cliquez ici...) et sur Livraddict (cliquez ici...).
J'ai ensuite organisé un concours sur ma page Facebook (cliquez ici...), avec la possibilité de gagner un exemplaire numérique en avant-première.
7) Bilan de mon expérience d'auto-édition/auto-publication à 15 jours
Amazon : 22 exemplaires ont été précommandés au format numérique. Depuis, je vends de 1 à 5 exemplaires par jour, soit 56 exemplaires au 15 avril.
Createspace : j'ai commandé 13 exemplaires pour moi, et 3 ont été vendus en plus de cela.
Kobo : 3 exemplaires ont été vendus.
iTunes : 6 exemplaires ont été vendus.
Les retours des lecteurs et blogueurs sont positifs (cliquez ici...) et on me demande souvent s'il y aura une suite... j'y songe.
(Et si vous avez lu la Belle et souhaitez que votre avis rejoigne ceux déjà présents sur la page, n'hésitez pas à me contacter (cliquez ici...).
8) Bilan de mon expérience d'auto-édition/auto-publication à 3 mois
Amazon : 117 exemplaires numériques au total
Createspace : 28 exemplaires papier, dont un certain nombre de cadeaux
Kobo / Fnac : 4 exemplaires numériques
iTunes : 6 exemplaires numériques
Bookelis : 0 exemplaire numérique.
Les retours des lecteurs sont (pour l'instant, faites que ça dure, à tout à l'heure, je file allumer un cierge) positifs.
Donc, je ne regrette rien (non, rien de rien, non, je ne regrette rien... etc.)
J'ai fait peu de publicité. (Je ne suis pas adepte des 12 millions de messages sur les groupes Facebook et fais même une allergie aux notifications du type "Marguerite-Emilie a publié sur 45 groupes". Comme j'ai tendance dans ce cas à cliquer sur "ne plus voir les publications" de l'auteur concerné, j'évite.)
Au final, j'ai partagé la sortie et le concours sur quelques groupes, c'est tout. Le reste (chroniques, avis, interviews) sont relayés sur mes pages FB et Twitter, ainsi que par tous les gentils Internautes qui veulent bien partager.
De même, je suis réfractaire au "siteuplè, gentil lecteur, tu peux commenter sur Amazon ?" en boucle sur la page.
Je supplie juste mes amis... qui oublient souvent de le faire. (Je vous aime... ne me noyez pas dans la mer cet été !)
Est-ce une erreur ? Faut-il se montrer davantage ? Bonne question.
Comme je pense en rester là avec l'auto-édition, je n'aurai pas de point de comparaison.
9) Et la loi dans tout ça ?
Bon nombre d'auto-édités en France ignorent quelles sont leurs obligations légales, car oui, ils en ont...
Ne maîtrisant pas le sujet depuis ma Suisse natale (où je déclare mes trois francs six sous gagnés en auto-édition, je vous rassure), je cède la parole à Juliette Di Cen (que je remercie pour son autorisation de publication), qui explique pourquoi elle a décidé d'arrêter l'auto-édition dans son article, disponible sur son blog (cliquez ici...). Et dont vous trouverez l'essentiel ci-dessous :
"Ce que je vais exposer dans cet article peut sembler évident, un enfonçage de portes ouvertes, la découverte du feu à l'ère du sabre laser, etc. Sauf qu'apparemment non, ce n'est pas si évident pour le grand public, et plus particulièrement pour la grosse majorité des autoédités.
En effet, en lisant les nombreuses réactions à propos de fiscalité et de statut de l'auteur autoédité, je me suis dit qu'il était temps de revenir sur mon expérience et faire un point sur le sujet. À l'heure de la mise en place du prélèvement à la source, je ne dois pas être la seule à m'interroger.
Cette décision d'arrêter du jour au lendemain n'a pas été simple à prendre. Il a d'abord fallu composer avec la disparition de cinq ans et demi de travail d'un seul clic. Puis avec la sensation de ne plus exister en tant qu'autrice à part entière, mais comme fourmi industrieuse d’œuvres collectives.
J'ai commencé l'autoédition en mars 2013, alors que les ebooks vivaient l'effervescence de l'adolescence.
Après seize publications numériques autoéditées et une intégrale papier, écrites sous les noms de plume Juliette Di Cen et Mel Laregue, des dizaines de retours de lecture enthousiastes, mécontents ou mitigés, des milliers de lecteurs (dont il faudrait que je fasse le bilan définitif), on peut imaginer combien c'est dur de tout retirer du marché.
Cette décision n'a pas été prise dans l'optique d'offrir un dépoussiérage ou une nouvelle vie à ces textes. Elle est régie par l'incompatibilité de mon statut professionnel (assimilé à celui des fonctionnaires) avec les obligations de l'administration fiscale. Or continuer sans cadre juridique clair est suicidaire.
En effet, contrairement à ce que l'on croit, un fonctionnaire (ou assimilé) ne peut créer d'entreprise (ou de micro-entreprise) sans en demander l'autorisation à sa hiérarchie, et à condition que cette entreprise reste dans le cadre des activités à titre accessoire. À cela s'ajoute les restrictions dues à mon métier. Selon l'Instruction ministérielle des Armées n°230423 du 18 juillet 2013, si je peux produire des "œuvres de l'esprit", je ne peux être mon propre patron pour les vendre. Aussi, entre mon métier et ce job que je prends comme un loisir gentiment rémunérateur (la faute à mon manque d'investissement), le choix est vite fait.
Cela fait des années que le statut de l'auteur autoédité sur des plateformes numériques comme Amazon, Kobo/La Fnac, Google Play ou Apple Store, etc. pose un problème vis-à-vis de l'administration française, y compris pour les auteurs eux-mêmes. D'un agent du fisc à l'autre, vous n'obtenez jamais la même réponse. Pourtant, une constante ressort : l'auteur doit déclarer et se déclarer. Or si déclarer ses revenus aux impôts paraît évident (bien qu'il semblerait que certains s'en dispensent encore !) ce n'est qu'une partie du problème. Déclarer ses redevances d'Amazon en bnc, micro bnc, ou bic n'est pas suffisant.
Pour simplifier, en tant qu'autoédités, vous n'êtes pas considérés comme des auteurs, mais comme des éditeurs, voire des vendeurs. Ça semble évident pour les professionnels, mais c'est totalement opaque pour l'auteur néophyte. Et ce n'est pas l'entrefilet sur les taxes visible dans les conditions générales d'utilisation de kdp qui risque d'éclairer leur lanterne.
Bref. En France, vous devez avoir un statut juridique pour exercer cette activité. Les auteurs qui comme moi se sont fait refouler par l'Urssaf (si si, c'est possible) puis par l'Agessa (la sécurité sociale des auteurs) pour payer leurs cotisations sociales le savent bien ; UN AUTOÉDITÉ N'EST PAS UN AUTEUR. On parle de chiffre d'affaires, de recettes, redevances, en aucun cas de droits d'auteur (déjà amputés des charges sociales) !
Que l'on gagne 1 ou 1000 euros (et plus), l'obligation de s'immatriculer auprès de l'Urssaf reste la même. Après tout, pourquoi un éditeur relèverait du statut général et pas l'autoédité ?
Voici ce que m'a répondu un avocat fiscaliste après consultation, et pourtant, il se trompe sur un point fondamental ; ce n'est pas Amazon qui m'édite (ce dernier n'est que le libraire). Alors si même les professionnels se plantent...
"En dépit du fait que vous soyez tenue de vous immatriculer à l’URSSAF comme artiste-auteur, nous considérons que cela ne constitue pas en tant que tel une création d’entreprise mais entre dans l’exception au principe du non cumul comme production d’œuvres de l’esprit.
Vous pouvez vous immatriculer en précisant sur le formulaire que vous êtes écrivaine éditée sur Amazon (oui mais non, Amazon vend ce que j'écris et édite) et en joignant la réponse de l’AGESSA indiquant que vous ne relevez pas de leur organisme.
Nous vous déconseillons de ne pas vous immatriculer. Nous ne pouvons pas vous donner le montant exact du redressement que pourrait appliquer l’URSSAF si une taxation forfaitaire était appliquée. L’URSSAF reconstituerait votre comptabilité et appliquerait des majorations de retard. De plus, il pourrait y avoir un risque de travail dissimulé qui constitue une infraction pénale."
Au final, les conséquences sont identiques : ne pas être dans les clous, c'est risquer le redressement, les pénalités, l'amende bien salée et la condamnation.
Ça fait cher le petit ebook vendu 99 centimes !
Jeunes auteurs français autoédités, sachez que vous avez l'obligation de déclarer vos recettes issues de la vente de vos ebooks, de payer des impôts dessus, et des charges sociales.
ARRÊTEZ DE CROIRE QUE L'ARGENT VERSÉ PAR AMAZON RESTERA INTÉGRALEMENT DANS VOTRE POCHE !
C'est une question de survie !
Si écrire est une passion et non du commerce, que vous vous vivez artiste plutôt qu'artisan (argument nullissime pour refuser de payer impôt et Urssaf), partagez vos écrits gratuitement !
La facilité de l'autoédition via le net est un Eldorado de pacotille qui cache une montagne d'emmerdes pour ceux qui rejettent les contraintes administratives. On le prend comme un loisir alors qu'il s'agit d'un vrai travail avec des contraintes bien réelles. Pour celui qui est en règle, ça l'est, cet Eldorado, incontestablement. Jusqu'à un certain point.
Mais pour la grosse majorité des français qui balance des textes sur KDP, KWL, etc. c'est juste un moyen de se divertir et gagner un peu d'argent de poche. Or le jour où l'administration fiscale se penchera sur leur cas, ça risque d'être violent. Ce ne sont pas à ces sites basés à l'Étranger et brassant des milliards d'euros qu'elle va demander des comptes, mais à eux.
Sachez enfin qu'elle peut éplucher les revenus sur les cinq dernières années.
Je comprends la difficulté de lâcher les droits et le processus créatif de son oeuvre, en acceptant les conditions imposées dans un contrat d'édition, alors que jusque-là, on était habitué à tout gérer et à toucher 70% du prix d'un ebook. Sauf que les clauses, ça se négocie. Vous voulez être pris au sérieux ? Agissez comme des professionnels, et refusez les clauses qui vous semblent abusives, plutôt que vouloir être publié à tout prix ! Pour cela, renseignez-vous. Il existe suffisamment de forums d'auteurs, que ce soit pour décrypter un contrat ou avertir sur l'éditeur qui veut vous signer.
Je comprends encore plus la difficulté de quitter l'autoédition, car trouver un éditeur "sérieux" qui accepte un manuscrit n'est pas chose aisée. On sélectionne les éditeurs à qui on souhaite soumettre, mais au final, c'est l'éditeur qui choisi d'éditer notre manuscrit. Les avantages sont tout de même incontournables pour ceux qui n'ont pas créé de micro-entreprise (et ne le peuvent pas pour des questions d'incompatibilité de statut). Et la tranquillité d'esprit, parfois, ça n'a pas de prix pour créer !"
Juliette Di Cen, Septembre 2018, tous droits réservés
Complément :
Un lecteur m'ayant contactée pour me signaler des divergences avec un article du blog de Jacques Vandroux (lire ici...), j'ajoute quelques précisions qui m'ont été gentiment transmises :
-
le service des impôts n'est pas compétent en matière de cotisations sociales, il faut donc creuser plus loin ;
-
en France, vous avez l'obligation légale d'avoir un statut juridique quand vous percevez un revenu, bien qu'il y ait une exception lorsqu'il s'agit de biens privés (par exemple, vendre sa voiture de particulier à particulier ou sa collection de timbres sur eBay) ;
-
quand ce revenu devient régulier, vous entrez dans le champ du commerce, et donc sous la coupe de l'Urssaf ;
-
les autoédités français ont tendance à se croire à l'abri, parce que les agents du fisc et des cotisations sociales sont incapables de définir une ligne claire sur la question. Cependant, l'Urssaf n'est pas connue pour sa mansuétude.